Niger, pays enclavé d’Afrique
occidentale. Sa capitale est Niamey.
Les frontières du Niger,
héritées de la colonisation, sont rectilignes et artificielles. Il est limité au
nord par l’Algérie et la Libye,
à l’est par le Tchad, au sud par le Nigeria et le Bénin, et à l’ouest par le
Burkina et le Mali.
2
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Le pays et ses ressources
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2.1
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Relief et hydrographie
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La superficie totale du Niger
est de 1 267 000 km². Le pays peut se diviser en trois zones. Le
Nord, qui constitue près des deux tiers du territoire, se situe dans le Sahara.
Ici habitent les Touareg,
nomades éleveurs de chameaux et de chèvres, conducteurs de caravanes
(aujourd’hui de camions), particulièrement touchés par l’évolution économique
et climatique de la région. C’est une région de montagnes, qui ont donné
autrefois naissance à de grands fleuves, aujourd’hui fossiles ou transformés en
oueds le temps d’une pluie. La végétation y est rare, hormis dans quelques
oasis et autour des points d’eau. Le massif de l’Aïr (400 km sur 250 km environ)
domine la région. Il est formé de montagnes entaillées de vallées, surplombées
par le mont Greboun (1 944 m),
les monts Tamgak (1 800 m),
les monts Agalak (1 700 m),
les monts Bagzane (2 022 m).
Au nord-est, séparé de l’Aïr par le Ténéré
et le grand erg (désert de sable) de Bilma, le massif du Djado (mont Toummo, 1 022 m)
se prolonge par l’éperon tabulaire et peu élevé du Kawar (Dirkov, 350 m). Plus au
sud, isolé dans une grande pénéplaine de sable à la hauteur du 16e parallèle,
le massif de Termit marque la limite entre le désert et le Sahel.
Le Centre-Sud fait partie du Sahel.
C’est une zone semi-aride, à l’herbe rase parsemée d’arbustes et d’épineux. En
saison des pluies, les dallols (Dallol Bosso, Dallol Maouri), larges vallées
des anciens affluents sahariens du Niger, à sec le reste de l’année, se
remplissent de mares et verdissent pour quelques semaines. C’est, pour les immenses
troupeaux de bovins des Peul et des Touareg, l’époque de la « cure
salée » qui succède aux épreuves de la longue saison sèche. Événement
économique autant que social, la « cure salée » est l’occasion de
rencontres entre familles et clans (mariages, transactions, etc.).
Le Sud, situé en zone de
savane, est la seule région fertile, avec des pluies généralement suffisantes
pour les cultures vivrières sans irrigation. Elle comprend la vallée du fleuve Niger
(550 km
dans la république du Niger) et sa rive droite jusqu’à la frontière du Burkina,
et une bande d’une centaine de kilomètres de profondeur le long de la frontière
du Nigeria. Elle s’amincit au fur et à mesure que l’on s’approche du lac
Tchad, une des plus grandes étendues d’eau du continent, bordée de papyrus,
à la profondeur et à la superficie sujettes à de grandes variations selon la
pluviosité et l’évaporation.
Le climat du Niger est chaud
et sec. Les pluies, parfois inexistantes ou ne dépassant guère 160 mm annuels
dans le Nord en un seul mois, atteignent 600 mm sur les deux ou trois mois de la
saison des pluies au nord de Niamey en zone sahélienne (de juillet à
septembre). À la frontière du Bénin, dans le sud, où la saison humide dure de
juin à octobre, elles peuvent dépasser les 800 mm par an. À
Niamey, la température moyenne annuelle est de 29,4 °C.
Le désert est totalement
dépourvu de végétation dans les ergs et le Ténéré, mais des spécimens résiduels
de flore méditerranéenne sont présents dans l’Aïr (olivier Laperrine, cyprès).
La flore sahélienne (petites graminées, acacia) assure difficilement la
subsistance des bovins et des chèvres dans le Centre-Sud, en particulier durant
la saison sèche. Dans les savanes méridionales, les hautes herbes alternent
avec des bosquets de forêts sèches dominées çà et là par de grands arbres comme
le baobab, le tamarinier, le fromager et une espèce d’acajou. L’antilope addax,
la gazelle et l’autruche étaient autrefois nombreuses dans les régions arides.
Il y a des girafes au sud de Niamey ; dans les parcs protégés au sud de la
rive droite du Niger, on trouve des buffles, diverses sortes d’antilopes, des
éléphants et des lions. On peut voir des hippopotames dans le fleuve au nord de
Niamey et jusqu’à la frontière du Mali. Le bœuf kanouri, doté de grosses cornes
qui lui servent de flotteurs, peuple les rives et les îles du lac Tchad.
2.4
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Ressources naturelles
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Le Niger recèle des ressources
naturelles diverses, dont beaucoup demeurent inexploitées en raison du
caractère enclavé du pays. De vastes gisements de minerai riche en uranium
sont exploités dans le nord, à Arlit et à Akouta. Les phosphates sont extraits
dans la vallée du Niger, ainsi que le charbon et l’étain. Le sel fait l’objet
d’une exploitation traditionnelle près d’Agadez (Teggida N’tessem), à Bilma,
sur les bords du lac Tchad. On trouve également du fer, du cuivre, et on a
découvert des traces de pétrole à la frontière libyenne.
Il existe au Niger six grandes
communautés. Les Haoussa
(54 p. 100) sont les plus nombreux. Ils vivent dans le Sud-Est près
de la frontière nigériane, pratiquent l’agriculture vivrière et industrielle
(coton et arachide) et le commerce à longue distance à travers le Sahara vers la Libye ; leur langue, le
haoussa, est la langue véhiculaire parlée de Tripoli à Lagos. Les Djerma-Songhaï
représentent le quart de la population et vivent dans la vallée du Niger de la
culture du mil, du sorgho, de l’arachide et du coton. Dans le Sud-Ouest, les Peul
vivent en symbiose avec les agriculteurs et sont semi-sédentarisés ; les
Peul bororo du Sahel et de la région des dallols, peu islamisés et nomades, vivent
essentiellement de leurs troupeaux. Les Béribéri-Mangas vivent également dans
le sud et les Kanouris au bord du lac Tchad. Les Touareg
pratiquent un nomadisme plus ou moins ample selon les régions qu’ils occupent
(les montagnes de l’Aïr ou la vallée fossile de l’Azawagh).
L’oasis de Bilma
est habitée par les Toubou.
En 2007, la population du
Niger est d’environ 12,9 millions d'habitants. La densité moyenne est de
10,2 habitants au km², mais près de 90 p. 100 de la population
habite le Sud agricole ; 23,3 p. 100 de la population est
urbaine.
3.2
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Découpage administratif et villes principales
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Le Niger est divisé en huit
départements, divisés à leur tour en districts et communes. Niamey
(731 000 habitants), la ville la plus grande est également la
capitale. Si Niamey est le grand centre administratif et regroupe la plupart
des services, Zinder
(120 900 habitants) est le grand pôle économique de l’est du pays,
ouvert sur le Nigeria. Maradi,
dans le sud, compte 113 000 habitants et Tahoua, au centre,
51 600 habitants ; Agadez, dans l’Aïr, est très étalée et abrite
plus de 50 000 habitants. La population de toutes ces villes a
tendance à augmenter dans les périodes de sécheresse, les paysans et les
nomades affluant alors dans leurs périphéries.
La langue officielle est le
français, mais le haoussa est la langue véhiculaire pratiquée par les
commerçants et comprise par la plupart des Nigériens. D’autres langues
africaines, comme le peul, le tamachek (langue des Touareg) et le djerma, sont
aussi très répandues et comprises par les voisins des locuteurs.
Les quatre cinquièmes des
Nigériens sont des musulmans sunnites,
parfois regroupés en confréries. Selon leur communauté, ils sont influencés par
les croyances traditionnelles (rites agraires, etc.) ; la région de
Zinder, proche des émirats musulmans du nord du Nigeria, est plus soumise au
fondamentalisme religieux et à son influence dans le domaine politique. Il
existe une petite minorité de chrétiens, constituée notamment d’émigrés des
pays de la Côte
(Bénin, Togo).
Même si l’école est gratuite
et obligatoire entre 7 et 12 ans, seuls 40 p. 100 des enfants
nigériens en âge scolaire bénéficient de l’enseignement, en raison du manque
d’instituteurs, de la grande dispersion de la population, du nomadisme et de la
persistance de préjugés vis-à-vis de l’école chez de nombreux parents ; le
taux d’alphabétisation atteint seulement 19 p. 100. Ces chiffres sont
parmi les plus faibles d’Afrique et du monde. Ils cachent d’importantes
disparités entre zones urbaines et rurales, mais aussi entre filles et garçons,
plusieurs raisons socio-économiques et religieuses limitant la scolarisation
des jeunes filles en milieu rural. L’accès à l’éducation, crucial pour le
développement du pays, est une priorité pour le gouvernement nigérien
(augmentation des infrastructures scolaires, expériences d’enseignement par la
télévision, etc.).
Les principaux établissements
d’enseignement supérieur sont l’Université Abdou Moumouni de Niamey (fondée en
1971) et l’Université islamique du Niger (fondée en 1984).
L’influence de l’islam, en
provenance d’Afrique du Nord, pour l’ouest du pays, et de la Libye et du Nigeria pour
l’est (région de Zinder), se fait fortement sentir ; elle est liée au
développement de l’ancien réseau transsaharien. Plusieurs organismes privés
gèrent leur propre bibliothèque. Sur une grande superficie, en plein centre de
Niamey, le Musée national du Niger regroupe une bibliothèque, un musée, un zoo,
un Institut des sciences humaines et un centre artisanal traditionnel.
3.6
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Institutions et vie politique
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Le Niger, gouverné par l’armée
de 1974 à 1989 après le coup d’État du lieutenant-colonel Seyni
Kountché contre le président Hamani
Diori, entre à partir de 1991 dans une période de démocratisation entravée
par de graves troubles politiques. Une nouvelle Constitution, approuvée par
référendum en décembre 1992, instaure une démocratie pluraliste. À l’issue
du coup d’État perpétré en 1996 par le colonel Ibrahim Baré Maïnassara, une
nouvelle Constitution adoptée par référendum par 90 p. 100 des
votants (avec 35 p. 100 de participants au scrutin) consacre
l’adoption d’un pouvoir fort. Cette Constitution est à son tour suspendue en
avril 1999, après l’assassinat du président Maïnassara. Le processus
démocratique aboutit la même année à un référendum constitutionnel et à la
tenue d’une élection présidentielle. Le colonel à la retraite Mamadou
Tandja, du Mouvement national pour la société de développement (MNSD),
l’ex-parti unique, est élu avec 60 p. 100 des suffrages exprimés
contre Mahamadou Issoufou, du Parti nigérien pour la démocratie et le
socialisme (PNDS). Il est réélu en 2004.
3.6.
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2
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Organisation des pouvoirs
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Les institutions nigériennes
sont régies par la
Constitution de 1999, qui instaure un régime
semi-présidentiel en rééquilibrant les pouvoirs entre le président, le Premier
ministre et le Parlement. Le président de la République, qui est à
la fois le chef de l’État et le chef du gouvernement, est élu au suffrage
universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Il nomme le
Premier ministre et partage avec lui certaines responsabilités exécutives. Le
pouvoir législatif est dévolu à un Parlement monocaméral, l’Assemblée
nationale, dont les membres sont élus au suffrage direct pour cinq ans
— en 2004, le nombre de députés passe de 83 à 113 afin de prendre en compte
l’accroissement de la population nigérienne.
La vie politique est dominée
par le Mouvement national pour la société de développement (MNSD) du président
Tandja. Le principal parti d’opposition est le Parti nigérien pour la démocratie
et le socialisme (PNDS). Les autres formations importantes du pays sont la Convention démocratique
et sociale (CDS), le Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP) et
l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (ANDP) — ces trois
formations sont dans la mouvance présidentielle.
Le Niger est l’un des pays
les plus pauvres du monde. Son économie, qui repose sur l’agriculture vivrière
et l’élevage, est exposée aux phénomènes de sécheresse qui caractérisent la
région du Sahel — le Niger a notamment subi les effets désastreux de la
sécheresse dans les années 1970 et connu une sécheresse moins rigoureuse
durant les années 1980. Le pays tire la plupart de ses revenus de
l’exportation de l’uranium. Le gouvernement nigérien dépend largement de l’aide
bilatérale et internationale pour ses dépenses de fonctionnement et les investissements
publics. Il bénéficie de prêts importants de la Banque
mondiale et du Fonds
monétaire international (FMI), notamment au titre de la Facilité pour la
réduction de la pauvreté et pour la croissance et de l’initiative en faveur
des pays pauvres lourdement endettés.
En 2005, le produit intérieur
brut était de 3,4 milliards de dollars, soit 244 dollars par
habitant.
La grande majorité des
Nigériens vivent d’agriculture et d’élevage. L’élevage, qui se pratique dans
les parties arides et semi-arides, constitue la grande activité agricole. En
2005, le cheptel compte 2,3 millions de bovins,
4,5 millions de moutons, 6,9 millions de chèvres,
420 000 chameaux et 106 000 chevaux (le chiffre concernant
les bovins, les chèvres et les moutons peut varier considérablement d’une année
à l’autre, car le nombre pléthorique de bêtes entretenues par les éleveurs du
Sahel est surtout destiné à compenser les pertes éventuelles en cas de
sécheresse).
L’agriculture vivrière et
industrielle, dite « de rente » (arachide, coton), est spécifique à
la région méridionale, plus arrosée. Les arachides sont la principale culture
d’exportation. Le mil, le sorgho, le manioc, les haricots et le riz, dans les
zones de décrue du fleuve, sont destinés à la consommation locale. Sur les
quelque 2,7 millions d’hectares de terre arable, 40 000 sont
irrigués.
La pêche se pratique dans le
lac Tchad et dans le Niger pour la consommation locale. Pour l’année 2004, la
production s’élève à 51 506 t. Il existe une pêche traditionnelle
dans les mares au cours de la saison sèche.
Le sel, pour l’alimentation
humaine, et le natron, pour l’alimentation animale, sont extraits depuis des
siècles des dépressions saumâtres du désert et moulés sous forme de pains ou
cônes (Teggida N’tessem, Bilma, Manga) ; dans le sud, en cas de nécessité,
on extrait parfois par filtration le sel des terres salées. On trouve de
l’étain dans l’Aïr et du fer près de Say, au sud de Niamey.
De vastes gisements d’uranium
sont exploités dans le nord, à Arlit et à Akouta, le Niger figurant parmi les
principaux producteurs d’uranium dans le monde. Les réserves sont estimées à
plus de 170 000 t. La production d’uranium, qui a fléchi dans les
années 1980 en raison d’une baisse de la demande, est stable autour de
3 000 t par an. Le Niger exploite également des gisements de charbon
(la production était de 176 000 t en 2003).
L’industrie ne concerne que
les produits alimentaires et la construction. Le secteur artisanal est très
développé dans le traitement des cuirs. Les entreprises industrielles
— très petites — sont, pour la plupart, implantées à Niamey et à
Zinder.
4.3.
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1
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Banques et monnaie
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Le Niger appartient à la zone
franc et son unité monétaire est le franc CFA, divisible en
100 centimes. Il est émis par la
Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO),
basée à Dakar, au Sénégal. En janvier 1994, le franc CFA a été
dévalué de 50 p. 100 par rapport à son taux de change avec le franc
français. Plusieurs banques pour le commerce et le développement sont
installées dans le pays.
4.3.
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2
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Commerce extérieur
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En 2003, le Niger exportait
pour environ 209 millions de dollars de marchandises, dont l’uranium
représente la plus grosse partie en dépit des vicissitudes du marché. Les
importations totalisaient à peu près 558 millions de dollars. Plus de
65 p. 100 de l’ensemble des exportations sont destinés à la France. Les autres
grands partenaires commerciaux du Niger sont le Nigeria, le Japon, les
États-Unis et la Côte
d’Ivoire. Il existe un important commerce régional en direction des pays
forestiers, portant essentiellement sur le bétail. Selon les cours pratiqués
dans les pays frontaliers, la fraude sur le bétail, l’arachide et le coton est
plus ou moins importante, notamment vers le Nigeria.
4.3.
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3
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Transports et communications
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Le Niger possède quelque 10 100 km
de routes, dont 8 p. 100 seulement sont goudronnées. Des aéroports
internationaux desservent Niamey, Zinder, Maradi et, dans une moindre mesure,
Agadez. Les transporteurs fluviaux traditionnels assurent les échanges entre le
delta intérieur du Niger et la capitale dans leurs grands bateaux à fond plat.
Contrôlés par le gouvernement, les services de radio et de télévision diffusent
des émissions en langues locales vers 1,3 million de récepteurs radio et
395 380 téléviseurs — soit 38,5 postes de télévision pour
1 000 habitants. Le quotidien du Niger est le Sahel (diffusion
5 000 exemplaires), publié à Niamey, où une dizaine d’hebdomadaires
animent la vie politique.
5
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Histoire
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5.1
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Le peuplement des origines
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De nombreux fossiles de
dinosaures (iguanodons) du crétacé inférieur ont été trouvés à Tazolé, au
sud-est de l’Aïr. On a mis au jour dans le massif de l’Aïr des vestiges de
céramiques du VIIIe millénaire avant notre ère, contemporains
de l’invention de la poterie dans d’autres régions du monde. La désertification
du Sahara commencée à cette époque a repoussé ensuite vers le sud les
populations d’agriculteurs et les céramistes, laissant la place à des
communautés d’éleveurs de bovins, lesquels gravent sur les rochers de
nombreuses représentations de leurs troupeaux (entre 2000 et
3000 av. J.-C.). Des gravures de cette époque témoignent également de
la présence à cette latitude d’éléphants, d’hippopotames et d’une faune de
savane abondante et variée. Le désert du Ténéré est riche en témoignages de la
présence humaine au néolithique (abondant matériel de pierre : pointes de
flèches, meules, etc.), jusqu’à la désertification de la région au Ier millénaire
avant notre ère.
Les territoires constituant
le Niger actuel entrent ensuite dans l’histoire avec l’établissement de
relations transsahariennes au Moyen Âge, vers le Maroc, par la vallée du
Niger et Tombouctou (empires du Mali
et du Songhaï),
vers la Tunisie
(Ifriqiya) à travers le Sahara central, et vers la Libye et l’Égypte par le
Fezzan et le Tchad (empire de Kanem-Bornou
et États haoussa).
Cette diversité explique la permanence des deux grands pôles de développement
culturel et économique du pays : la vallée du Niger (Niamey), et le bassin
du Tchad (Zinder).
Le commerce régional porte
sur l’échange de sel et de mil entre le Sahara central riche en gisements de
sel et la savane, productrice de mil, ainsi que sur la noix de cola produite
dans les zones forestières. Ses voies de communication sont très tôt pénétrées
par les missionnaires musulmans, puis contrôlées par les nomades islamisés
(Touareg, Toubou). Les États haoussa islamisés dominent le Niger méridional du xe siècle
au début du xixe siècle,
époque à laquelle ils sont soumis par la guerre sainte des Peul menés par Ousman
dan Fodio. Les Songhaï exercent une forte influence sur la vallée du fleuve
durant la dernière partie du Moyen Âge, tandis que l’empire de
Kanem-Bornou domine la frontière orientale. Les Touareg arrivent par vagues de
l’Aïr à partir du xie siècle
environ, se répandent dans l’Azawagh et commencent à lancer des raids sur les
sédentaires du Sud ; au xve siècle, ils établissent un sultanat à Agadez.
Les premiers Européens à
entrer dans cette région sont le chirurgien et explorateur écossais Mungo
Park, durant son second voyage, et les explorateurs allemands Heinrich
Barth, en route pour Tombouctou, et Eduard Vogel. Les Français entrent dans
la région vers 1890, atteignent le lac Tchad et luttent contre Rabah, dont
l’influence s’étend sur le Bornou ; ils mettent longtemps à réduire la
résistance des Touareg de l’Aïr. En 1900, ils font du Niger un territoire
militaire administré à partir de l’ancien sultanat de Zinder. Le Niger devient
une colonie en 1921, administrée à partir de Niamey pour rééquilibrer les
pouvoirs économiques et politiques locaux des émirs de l'Est, diminuer le poids
de la communauté haoussa de Zinder ainsi que l’influence du nord du Nigeria,
une région riche et peuplée. Territoire d’outre-mer en 1946, puis république
autonome au sein de la
Communauté française en 1958, malgré une campagne pour le
« non » au référendum de Djibo Bakary, opposé au chef du gouvernement
Hamani
Diori.
5.4.
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1
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La présidence de Hamani Diori (1960-1974)
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Le Niger accède à l’indépendance
le 3 août 1960 et Hamani Diori est élu président par l’Assemblée
nationale. Djibo Bakary, contraint à l’exil à la veille de l’indépendance et
qui bénéficie du soutien du camp progressiste (Nkrumah, Sékou Touré), tente
sans succès de prendre le pouvoir par la force ; en avril 1965, le
président Diori échappe à une tentative d’assassinat ; il est réélu la
même année, soutenu par le Parti progressiste nigérien (PPN), qu’il avait fondé
à partir de la section nigérienne du Rassemblement démocratique africain (RDA).
En 1973, le Niger est l’un des six pays sahéliens à souffrir d’une sécheresse
qui affecte particulièrement les nomades. Accusé de corruption et d’incapacité
dans la gestion des secours, le président Diori est renversé par un coup d’État
militaire en avril 1974 et exilé dans l’est du pays.
5.4.
|
2
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Le gouvernement militaire de Seyni Kountché (1974-1987)
|
Le Niger est ensuite gouverné
par un Conseil militaire suprême, dirigé par le lieutenant-colonel Seyni
Kountché. Son programme porte sur le redressement économique consécutif à
la sécheresse et sur la poursuite de la coopération avec la France, notamment en
matière d’exploitation de l’uranium (signature d’un nouvel accord économique en
1977).
Complots et tentatives de
coup d’État se succèdent durant les cinq premières années de pouvoir de Seyni
Kountché. En novembre 1987, celui-ci meurt d’une tumeur au cerveau et est
remplacé à la présidence par Ali Seybou, son chef d’état-major.
5.4.
|
3
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|
Le pouvoir rendu aux civils (1989-1996)
|
Ali Seybou libère Hamani
Diori, puis est élu président en 1989 après le vote d’une nouvelle Constitution
qui ramène les civils au pouvoir, mais dans le cadre d’un parti unique. En 1990,
une vague de grèves et de manifestations le conduit à légaliser les partis
d’opposition. Une conférence nationale, réunie en juillet 1991, met en
place un gouvernement de transition dirigé par André Salifou. En 1992, une
nouvelle Constitution est approuvée par référendum, et des élections générales,
en février 1993, voient la victoire de l’Alliance des forces du changement
(AFC). Lors de l’élection présidentielle du mois suivant, Mahamane Ousmane,
chef d’un parti membre de l’AFC, est élu président.
Les vingt et un premiers mois
du nouveau gouvernement sont animés. Le Premier ministre, issu de l’AFC et
imposé par le président malgré l’opposition de la majorité, est renversé en
février 1995. L’Assemblée est dissoute par le président, mais de nouvelles
élections confirment la victoire de l’opposition. Le Mouvement national pour
une société de développement (MNSD, ex-parti unique) arrive en tête avec
vingt-neuf sièges, et s’allie avec plusieurs partis d’opposition pour former un
gouvernement. Le nouveau Premier ministre, Hama Amadou, entre rapidement en
conflit avec le président, alors que le pays se trouve au seuil de la
banqueroute.
5.4.
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4
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Le putsch du colonel Maïnassara (1996-1999)
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Au printemps 1996,
l’armée prend de nouveau le pouvoir ; l’auteur du putsch, le colonel
Ibrahim Baré Maïnassara, organise le vote d’une nouvelle Constitution de type
présidentiel, adoptée par 90 p. 100 des votants (35 p. 100
du corps électoral).
Depuis la fin des
années 1980, les Touareg
réclament un partage des richesses plus équitable, et une guérilla sporadique
ensanglante l’Aïr,
malgré des accords de paix toujours remis en question. En 1997-1998, la crise
économique causée par la chute des cours de l’uranium entraîne un profond
malaise politique (dissolution du gouvernement), des grèves de fonctionnaires
et d’étudiants et des mutineries dans l’armée, qui réclame le paiement des
soldes. En avril 1999, le président Maïnassara, dont l’image s’est
fortement dégradée dans le pays en raison de son népotisme et de son refus de
tout dialogue avec l’opposition, est assassiné par des militaires sur
l’aérodrome de Niamey. Son successeur, le commandant Daouda Mallam Wanké, chef
de la Garde
présidentielle, pour qui cette mort est un « malencontreux
accident », est nommé chef de l’État par un Conseil de réconciliation
nationale composé uniquement de militaires. L’armée, qui a promis de rendre le
pouvoir aux civils, interdit les partis politiques et confirme la tenue d’un
référendum constitutionnel en juin et d’une élection présidentielle au suffrage
universel à la fin de l’année, cruciale pour la reprise de l’aide étrangère. En
novembre, le colonel à la retraite Mamadou
Tandja, du Mouvement national pour la société de développement (MNSD),
l’ex-parti unique, est élu avec 60 p. 100 des suffrages exprimés contre
Mahamadou Issoufou, du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme
(PNDS). Le scrutin est suivi au mois de janvier par la nomination à la tête
d’un gouvernement d’alliance de l’ancien Premier ministre Hama Amadou. De son
côté, le commandant Wanké, qui a tenu à ce que l’armée conserve une stricte
neutralité, s’engage à la faire « retourner dans la caserne ».
5.4.
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5
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Mamadou Tandja et la poursuite de la démocratisation (1999- )
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À l’issue du scrutin de 1999,
le Niger, qui est l’un des pays les plus pauvres et les plus endettés du monde,
peut de nouveau bénéficier de l’aide vitale des institutions financières
internationales. Le gouvernement lance un programme de lutte contre la pauvreté
tout en mettant en œuvre des mesures drastiques pour assainir les finances de
l’État et en accroissant les investissements publics (dans le secteur des
infrastructures routières notamment). Il parvient à réduire le déficit
budgétaire et à maîtriser l’inflation. Parallèlement, conformément aux accords
avec les bailleurs de fonds, il s’engage dans un plan de privatisations (dans
les domaines de la téléphonie et de la distribution d’eau potable) et s’emploie
à améliorer la régularité et la transparence des marchés publics.
Au niveau politique, la
reprise en main du pays par un gouvernement civil est mise à l’épreuve en
août 2002 par des soulèvements de soldats qui réclament le paiement de
leur solde et une amélioration de leurs conditions de vie. Les forces
loyalistes parviennent rapidement à réprimer les mutins. Les mutineries sont
toutefois suivies de mesures visant à contrôler les médias et de
l’emprisonnement de plusieurs journalistes. En dépit de ces réserves,
l’édification de la démocratie nigérienne se poursuit, avec notamment les
élections générales de novembre-décembre 2004. À l’issue d’un scrutin jugé
« démocratique, libre et transparent » par les observateurs nationaux
et internationaux, le président Mamadou Tandja est réélu au second tour avec
65,5 p. 100 des suffrages face au leader socialiste Mahamadou
Issoufou. La mouvance présidentielle conforte sa majorité à l’Assemblée
nationale. Fort des prêts qui lui sont accordés par la Banque mondiale et le Fonds
monétaire international (FMI), et bénéficiant du soutien de l’Union
européenne, le gouvernement doit relever d’importants défis en matière sociale,
en particulier dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’emploi.
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